Quentin Marais
Quentin est un fringant jeune homme de 34 ans, sympathique et discret. Il y a quelques années j’ai été attiré par la fraicheur et la fantaisie de ses céramiques en fréquentant l’atelier qu’il partage avec Nolwenn, artiste céramiste elle aussi, et dont j’ai exposé les porcelaines baroques et ludiques à la galerie. Quentin travaille par assemblage de grès et de porcelaine, ses pièces sont « façonnées au colombin, à la plaque, en estampage ou modelage ». Parlant de son travail il le décrit en lien étroit avec son enfance, fait de souvenirs et d’images de cette période, et les pièces qu’il réalise « oscillent entre utilitaires et sculptures, rebondissent entre figuratif et abstrait ». A regarder de près ses céramiques on peut reconnaître une « jarre » ou un « cochon », bien que ce dernier soit réduit à l’essentiel d’un cylindre accoutré de trois pattes et orné de deux anses en guise d’oreilles. Là est toute la fantaisie rafraîchissante du jeune homme qui parle de « King jouet », nom donné à la série. Série dans laquelle on remarque aussi un « Tromblon » dont l’embouchure est obstruée par une étoile en guise de « Pan ! », arme bien inoffensive qui aurait toute sa place dans les rayons d’un magasin de jouets. L’artiste s’amuse, et le plaisir est communicatif. Voyez ses « Fétich », série où il décline tout un tas d’objets inutiles aux contours évocateurs, un tuyau coudé par exemple, mais périscope impraticable, ou un chariot dont la base ondulatoire n’a pas de roues, et ne pourra jamais servir. Tout comme un enfant pour lequel le jeu n’a pas de limites, par nature, il crée aussi de la vaisselle, tasses, pichets, bouteilles, théières, saladiers, bonbonnes et greniers, ces derniers objets étant des contenants hybrides entre le pot, le vase et l’amphore fermée. Autant de représentations prétextes aux joies du modelage et de la créativité.
Une série qu’il décline aussi, et qui a retenu toute mon attention, est celle des « Amulette-Allumette » titre rigolo par quasi anagramme, un ensemble réjouissant parce qu’on y retrouve ses formes drolatiques et superfétatoires. La particularité du concept est que chaque pièce, moulée à treize exemplaires mais unique par son émaillage, va rentrer dans une boite d’allumettes (soit environ 6 cm de hauteur), petite ribambelle abstraite et croquignolette qui invite à la collection.
Citation de l’artiste : « L’argile m’offre cette liberté. Elle est pour moi le pont entre un monde symbolique et notre univers contemporain. Elle offre la plasticité entre l’utile et l’inutile et révèle le lien entre l’imaginaire et le concret. »
Quentin Marais est né en 1988, il obtient le diplôme des Métiers d’Art de la céramique artisanale à l’Ecole Duperré, Paris. Il complète sa formation par des stages chez de nombreux céramistes, ainsi qu’une formation professionnelle à la Maison de la Céramique à Dieulefit dans la Drôme. Depuis dix ans il intervient aussi dans des écoles primaires et des centres de loisirs, il organise également des stages de céramique pour adultes. En 2011 il est lauréat du Prix Liliane Bettencourt « L’intelligence de la main » dans le cadre du projet « L’usage des jours » conçu en partenariat avec le designer Guillaume Bardet, une réalisation qui sera présentée au Musée National de la Céramique de Sèvres. Steenwerck dans le Nord, Giroussens ou Saint-Quentin la Poterie dans le Sud, il est présent sur de nombreux salons consacrés aux arts de la terre, comme le réputé Les Arts du Feu à Rennes. Expositions dans des galeries comme Le Fil Rouge à Roubaix, Fracas à Bruxelles, Accro Terre à Paris, ou encore au Musée Départemental Breton à Quimper.
JDS