Mathieu Van Assche
« La mort est belle, elle est notre amie; néanmoins nous ne la reconnaissons pas, parce qu’elle se présente à nous masquée et que son masque nous épouvante », citation de François-René de Chateaubriand. Ce qui m’a séduit d’emblée dans les gravures Mathieu Van Assche c’est sa représentation carnavalesque et fringante de la mort : déambulations truculentes et festives de ses personnages, souvent masqués et aux mimiques convulsives; Des squelettes, des têtes de mort, des fantômes, des gentils démons et autres ectoplasmes résolument souriants, tout un petit peuple palpitant et bien vivant, gravé surtout en noir et blanc. Ou alors des portraits en gros plan, cagoulés, masqués, démasqués, rapprochés caricaturesques et grimaçants. Ou encore des pantalonnades de groupe où chacun y va de sa mimique, de ses simagrées, singeries, minauderies et autres pitreries, l’ambiance est joyeuse, Carpe Diem ! La thématique de la mort rendue grotesque est quasi récurrente dans ses estampes, et nous renvoie aux « Péchés capitaux » gravés par James Ensor au début du XX ème siècle. Un peu plus ancien on pense aussi à certaines scènes hallucinantes gravées par Francisco Goya dans la série des «Caprices». Son style est très proche de la BD, un univers graphique quelque part entre Art Spiegelman et Robert Crumb, entre noirceur visionnaire et trash joyeux. Ce qui renvoie aussi aux « danses macabres » du Moyen-Age, rondes fatales, burlesques, et motif artistique populaire présent dans le folklore européen du XIV ème au XVI ème siècle.
Mathieu Van Assche est né en 1980, il vit et travaille à Bruxelles, sa pratique de l’estampe est centrée sur l’eau-forte et l’aquatinte. Il est aussi graphiste et photographe, il expose dans sa ville, à Paris, à Namur, au Musée de la photographie de Charleroi. Durant l’été 2019 participation à la Biennale internationale d’estampes de Trois-Rivières au Québec. A l’automne de la même année il remporte le « Prix de la gravure et de l’image imprimée, 28 ème édition » décerné par le Centre de la gravure et de l’image imprimée à La Louvière.
JDS