Nicolas Rousseau
Nicolas Rousseau a t’il voyagé au pays des elfes, des farfadets, des lutins, des korrigans, des gnomes, des chimères, gargouilles, djinns, yokaï et autres gentils espiègles, ou esprits des forêts ? Les créatures qu’il façonne en porcelaine, ou en grès, affichent toutes une nature surnaturelle et ludique, son imaginaire est fertile et souriant, quelquefois grimaçant. Adolescent déjà, l’artiste en devenir s’est nourrit de mythologie, de mangas, de littérature et films fantastiques, et repu de l’univers extravagant des Comics. Magique et « marabouté » , un peu sorcier, le peuple mirobolant qu’il pétrit étonne et attendrit, sans doute parce qu’il fait écho aux lectures de notre jeunesse, et nos désirs adultes de plus de spiritualité. Une part importante de son oeuvre démystifie (et défie, peut-être ?) la mort elle-même quand il modèle des « Vanités ». C’est une particularité qui m’a décidé à le contacter il y a quelques années, avec en tête le projet d’une exposition. Chose faite et appréciée.
Digression explicative : la « Vanité » est une représentation allégorique (peinture, sculpture, etc.) très ancienne de la mort figurée par un crâne, et dont le message est clair : la vie est courte et ton temps passe très vite, interroge-toi sur la vacuité de tes passions et activités. Autrement dit « Carpe diem » du latin « Cueille le jour » et hâte toi d’en profiter. Les Vanités en céramique de Nicolas sont des crânes ornés de poupées, de « toys » et autres petites fées ailées, libellules délicates posées sur des tapis moussus, feuillus et fleuris; Leur grâce et leur légèreté nous sourit, et rendent ainsi le message létal bien plus acceptable. A noter que ses vanités sont d’une inspiration toute mexicaine puisqu’il se réapproprie les codes graphiques de cette culture, les fameuses « calaveras », traduction « têtes de mort ». Au Mexique le « dia de los muertos » est un jour chanté, dansé, on répand des pétales de fleurs sur les tombes et on ripaille !
Nicolas est né en 1971, il est passé par l’Ecole des Beaux-Arts de Toulouse, son oncle Hervé Rousseau, céramiste réputé, l’encourage dans son choix de travailler la terre et contribue à sa formation. Il travaille indifféremment la couleur ou le noir et blanc (il dessine aussi, abondamment), et à l’occasion délaisse le volume pour réaliser des assiettes et autres contenants, ornementées de petites scènettes proches de la BD. Il vit entouré d’une nature généreuse à deux pas de La Borne, charmant village du Berry bien connu des artisans de la terre. Céramiques exposées à Paris, en Suisse, à Saint-Jean Pied de Port ou à Château-Gontier.
JDS