Sabine Delahaut
Sabine Delahaut nous invite à passer derrière le rideau dans les coulisses de l’étrange, dans un monde figuré mais dystopique et absurde, où ses compositions souvent théâtrales mêlent habilement poésie grinçante et contes de fées énigmatiques. On y croise des loups, des renards, et d’autres personnages aux décors oniriques, lectures synoptiques de rêves ou fantasmes qu’un artiste surréaliste ne pourrait renier. Le « manifeste surréaliste » est d’une certaine façon la tentative d’union du réel et de l’imaginaire, un « pouvoir de déflagration » (André Breton) des mots et des images. Sabine est belge, pas forcément surréaliste, et pourtant j’imagine des peintres de même nationalité, René Magritte et Paul Delvaux contempler son travail avec un regard tout paternel : il en va ainsi des apparences détournées qu’elle aime à représenter. Son style évoque aussi celui d’un Giorgio de Chirico, notamment dans les agencements cabotins mais architecturés de ses saynètes, un monde où apparait une résonance seconde, une réalité mystérieuse et cachée. Une parenté aussi avec l’oeuvre de Max Ernst, ses collages ou gravures (« La Femme 100 têtes »), et Eugène Ionesco dans la littérature. Comédie ou drame ? On ne sait pas, en tout cas l’absurde comme notion approfondie de l’existentialisme.
L’artiste travaille beaucoup dans son atelier parisien, avec acharnement : des dessins et des gravures principalement. En matière d’estampes son outil favori est le burin, même si la roulette et la pointe-sèche font occasionnellement leur apparition, par ailleurs elle aime à rehausser après tirage, souvent à l’aquarelle. Née à Liège en 1973, Sabine Delahaut a participé à de nombreuses manifestations autour de l’estampe, remporté plusieurs prix dans ce domaine, son oeuvre gravée est exposée régulièrement dans un large réseau de galeries, et présente dans des collections publiques en France et à l’étranger. Elle écrit aussi pour la revue « Actuel » qui parle d’estampe contemporaine, et s’implique au Liban, dans le « Beirut Printmaking Studio ».
JDS